Le Contrat d’Engagement Jeune : mode d’emploi et réalités dans le Val-d’Oise

Un véritable tremplin pour les jeunes du Val-d’Oise

Depuis son lancement en mars 2022, le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ) est devenu un pilier central de l’accompagnement des jeunes de 16 à 25 ans sans emploi, ni formation, et parfois sans ressource sufficiante. Partout en France et particulièrement dans le Val-d’Oise, les missions locales jouent un rôle de proximité pour proposer cet outil de retour à l’emploi. Mais comment ce contrat fonctionne-t-il dans la réalité, à qui s’adresse-t-il, et quels résultats observe-t-on sur notre territoire ?

A quoi sert le Contrat d’Engagement Jeune ?

Le CEJ vise d’abord à permettre aux jeunes les plus éloignés de l’emploi de retrouver confiance, de consolider un projet professionnel et de franchir pas à pas les obstacles qui bloquent le parcours vers une situation stable. Il propose une sorte de « sas » où le jeune bénéficie d’un suivi intensif, personnalisé et flexible, porté par un conseiller référent.

Ce suivi comporte :

• Deux à trois rendez-vous par semaine minimum (entretien individuel ou en atelier collectif)
• Un programme d’activités défini sur-mesure selon le profil et les besoins du jeune
• Un accompagnement pouvant durer de 6 à 12 mois (voire plus) selon la progression
• L’accès à une allocation mensuelle pouvant aller jusqu’à 528 euros sous condition de ressources et d’assiduité (Source : Service-public.fr)
• L'appui à la recherche de stage, d’emploi, de formation, et l’accès à différents dispositifs complémentaires (permis, logement, santé…)

Qui peut bénéficier du Contrat d’Engagement Jeune ?

Le CEJ s’adresse aux jeunes majeurs de 16 à 25 ans révolus (ou jusqu’à 29 ans pour les personnes en situation de handicap) remplissant certains critères :

• Ne pas être en emploi, en formation ou en études
• Avoir du mal à s’insérer professionnellement et être disponible pour suivre un parcours intensif
• Ne pas être déjà suivi par Pôle emploi dans le cadre d’un accompagnement intensif ou d’un dispositif équivalent

Chaque dossier est étudié lors d’un entretien avec la Mission Locale pour vérifier l’adéquation avec le dispositif et les attentes du jeune. La volonté d’être acteur de sa démarche et d’essayer des solutions nouvelles est un prérequis apprécié.

Des chiffres qui parlent dans le Val-d’Oise

Le Val-d’Oise compte 13 Missions Locales qui couvrent l’ensemble du territoire : du bassin de Cergy-Pontoise à l’est-parisien d’Ecouen, en passant par Sarcelles, Garges ou Gonesse. En 2023, d’après les statistiques du Ministère du Travail (Source : DARES, DARES), près de 8500 jeunes du département ont signé un Contrat d’Engagement Jeune depuis la mise en place du dispositif. Ce chiffre place le Val-d’Oise parmi les territoires les plus actifs d’Île-de-France – preuve de la mobilisation croissante des professionnels et de l’efficacité du maillage local.

À titre d’exemple, la Mission Locale de Cergy a triplé le nombre d’accompagnements intensifs par rapport à 2021 grâce au CEJ, avec près d’un jeune sur trois retrouvant une solution d’emploi ou de formation six mois après la sortie (chiffres régionaux : DARES, Rapport 2024).

Un accompagnement sur-mesure : que vivent concrètement les jeunes en CEJ ?

Le quotidien du CEJ s’adapte. Voici ce que rencontrent les bénéficiaires :

• Ateliers collectifs : expression orale, création de CV, simulation d’entretien, découverte de métiers, gestion du stress.
• Parcours immersifs : mini-stages en entreprise, découverte du monde associatif, visites de centres de formation.
• Séances individuelles : travail sur la confiance en soi, bilan de compétences, élaboration d’un projet réaliste, levée des freins périphériques (santé, logement…)
• Rencontres avec des employeurs : job dating, découverte de l’apprentissage, partenariats dédiés (ex. conventions avec TPE/PME locales, missions d’intérim adaptées)
• Aide administrative : inscription à des plateformes, accès aux droits, constitution de dossiers pour le permis, la santé ou le logement.
• Moments de collectif et vie sociale : séjours d’intégration, sport, ateliers citoyens.

Un engagement réciproque

La force du CEJ repose sur une co-construction : le jeune s’engage par écrit à suivre le rythme proposé, à participer aux séances et à progresser ; la Mission Locale, elle, garantit un suivi personnalisé, l’écoute et l’ouverture vers des solutions concrètes, même en cas d’échec ou de réorientation. Ce pacte évite le sentiment d’isolement et favorise l’envie d’aller de l’avant.

L’allocation CEJ : une aide financière sous conditions

L’une des particularités majeures du Contrat d’Engagement Jeune est le versement possible d’une allocation mensuelle, sous réserve de respecter les critères suivants :

1. Avoir plus de 18 ans (les moins de 18 ans ne perçoivent pas l’allocation, mais peuvent suivre le programme)
2. Ne pas percevoir le RSA ou l’Allocation Spécifique de Solidarité simultanément
3. Justifier de faibles ressources pour percevoir l’aide complète (plafond de ressources consultable sur le site Service-public.fr)
4. Être assidu et motivé, présence obligatoire à chaque rendez-vous et activité prévue

Le montant maximal est de 528 euros par mois (en 2024), calculé selon les ressources et la situation familiale. L’aide est suspendue ou révisée en cas d’absence non justifiée ou de reprise d’emploi stable.

Pourquoi le CEJ est parfois décisif ?

De nombreux témoignages recueillis dans le Val-d’Oise montrent que la clé du succès du CEJ tient à l’intensité de la relation humaine, mais aussi aux possibilités concrètes offertes :

• Des jeunes qui tournent en rond seuls à la maison trouvent une structure, un rythme, des contacts quotidiens.
• Les projets professionnels sont clarifiés et deviennent accessibles, étape par étape.
• La « prime » n’est pas l’objectif principal, mais elle sécurise et permet de maintenir une stabilité de vie pendant la construction du projet.
• Le retour en formation ou en emploi intervient souvent plus vite que prévu : en 2023, en Île-de-France, 40 % des sortants du CEJ avaient trouvé une solution pérenne trois mois après la fin du contrat (Source : DARES, Synthèse régionale).

Exemple marquant local : une opération « Pass métier » menée à Garges-lès-Gonesse a permis à 80 jeunes en CEJ de découvrir l’univers du transport routier, filière peu connue mais en manque de main d’œuvre, débouchant sur 28 embauches directes (Source : Communiqué de la Mission Locale Plaine de France, octobre 2023).

Liens pratiques et conseils pour candidater dans le Val-d’Oise

• Consultez le site de votre Mission Locale : Chaque structure a un site internet ou une page Facebook où sont indiqués les horaires, permanences et contacts pour une première rencontre.
• Munissez-vous de vos pièces d’identité, attestation de domicile, CV et tout document sur vos revenus.
• Préparez vos questions : votre projet n’a pas besoin d’être ficelé, mais venez prêt à parler de vos envies et de vos blocages.
• Si vous êtes parent, travailleur social ou professionnel de l’éducation, n’hésitez pas à transmettre l’information et à accompagner les jeunes lors de leurs premiers pas.

Pour situer la Mission Locale la plus proche : Annuaire national des Missions Locales.

Zoom sur les partenariats locaux : une dynamique collective

Dans le Val-d’Oise, les Missions Locales pilotent le CEJ, mais le font main dans la main avec différents acteurs :

• Villes et intercommunalités (mise à disposition de locaux, relais d’informations)
• Entreprises locales et grands groupes (ateliers immersion, alternance, recrutements dédiés)
• Associations sportives, culturelles et d’insertion
• CCAS, travailleurs sociaux, éducateurs référents
• Structures de santé et de prévention

Cette dynamique permet de multiplier les portes d’entrée et d’éviter les ruptures. À Argenteuil, par exemple, la Mission Locale travaille en lien étroit avec le service jeunesse de la Ville pour repérer les jeunes « invisibles » et leur proposer le CEJ lors d’événements sportifs ou de maraudes informelles.

Quelques repères avant de se lancer

• Aucun parcours n’est figé : le CEJ est adaptable, quitte à être suspendu puis repris si besoin
• L’implication dans des associations, des chantiers jeunes, même hors emploi direct, est comptabilisée comme une expérience valorisée dans le cadre du suivi du CEJ
• Aucune obligation d’effacer ses difficultés : le dispositif vise à accompagner avec les jeunes, non « à la place de » ; la transparence est clé.
• En cas de besoin de mobilité, de logement, de santé, les Missions Locales disposent de ressources complémentaires (fonds, aides, partenariats) à activer.

Aller vers un avenir qui a du sens

Le Contrat d’Engagement Jeune n’est pas seulement un outil technique ou une rente de substitution. C’est, dans le Val-d’Oise comme ailleurs, une main tendue pour permettre à chaque jeune laissé sur le bord du chemin de retrouver confiance, méthode, et solutions pour avancer. Si vous êtes concerné, ou si vous connaissez un jeune qui hésite à franchir la porte de la Mission Locale, sachez que des centaines d’accompagnants sur le territoire sont prêts à écouter, sans jugement, et à co-construire le chemin vers l’autonomie. N’oublions jamais que derrière chaque « réussite CEJ » se cache d’abord une histoire, une rencontre, un déclic. Et c’est localement, sur le terrain, que ce contrat prouve chaque jour son utilité.