Le Contrat d’Engagement Jeune en Val-d’Oise : un réseau de partenaires au service des jeunes

Des Missions Locales au cœur du dispositif

Impossible d’aborder le CEJ sans évoquer la place centrale qu’occupent les missions locales, véritables têtes de pont dans le Val-d’Oise. Elles sont le premier interlocuteur pour l’accueil, le diagnostic, et l’accompagnement individuel ou collectif des jeunes.

• 7 missions locales couvrent le Val-d’Oise (Cergy, Argenteuil-Bezons, Roissy Est, Plaine de France, etc.), agissant pour près de 25 000 jeunes chaque année (source : Missions Locales Ile-de-France).
• Chaque mission tisse ses propres réseaux de partenaires pour proposer des actions adaptées au tissu local : ateliers soft skills, coaching, découverte de métiers, parrainage, etc.
• Le partenariat avec Pôle emploi, renforcé depuis la loi du 5 septembre 2018 (« Pour la liberté de choisir son avenir professionnel »), fluidifie le passage des jeunes entre les différents filets de sécurité.

: Sur l’Est du département, la Mission Locale Plaine de France expérimente un dispositif d'immersion en entreprise avec le Medef Val-d’Oise, permettant à des jeunes CEJ de découvrir concrètement le quotidien de plusieurs secteurs en tension (logistique, santé, services à la personne…).

Un maillage associatif innovant

Le tissu associatif joue un rôle décisif, souvent bien en amont ou en complément de l’accompagnement classique :

• Les Epide de Val-de-France (Établissement pour l’insertion dans l’emploi) accueillent chaque année plusieurs centaines de jeunes (statistique : 110 jeunes accueillis à Val-de-France en 2022, source : rapport Epide 2022) dans un parcours intensif d'insertion, souvent combiné à un CEJ.
• Des associations comme Unis-Cité proposent à des jeunes inscrits en CEJ des missions de service civique, offrant expérience, engagement citoyen et compétences transférables.
• Plusieurs structures mobilisent le sport comme levier d’insertion (Projet Cap SAAA, Association Sportive de Sarcelles…), pour travailler la confiance, l’esprit d’équipe, la santé ou le lien social.

Cette dynamique associative multiplie les occasions de “déclics”, au-delà de la recherche d’emploi stricto sensu : elle aide chacun à trouver ou retrouver confiance, goût du collectif et ambition.

Le rôle clé des entreprises et du monde économique

Un CEJ abouti doit déboucher sur une immersion, un emploi, une formation. Le réseau d’entreprises locales et d’employeurs partenaires du Val-d’Oise se mobilise à chaque étape :

• Clubs d’entreprises (Medes 95, Club des Entrepreneurs de Roissy) interviennent régulièrement lors de forums ou d’ateliers de découverte des métiers.
• Des PME, grands groupes (Sodexo, Safran, Suez…) et TPE du territoire ouvrent leurs portes pour des stages ou jobs d’été, facilitant la confrontation au monde professionnel.
• Parrainage pour l’emploi : Des réseaux de cadres et chefs d’entreprise accompagnent directement des jeunes CEJ sur la posture, le réseau et la préparation à l’entretien (par exemple avec les réseaux “Nos quartiers ont des talents” ou “EGEE” – Entente des Générations pour l’Emploi et l’Entreprise).
• Dispositifs sectoriels : Plusieurs branches professionnelles (services à la personne, logistique, BTP…) travaillent avec les missions locales pour orienter et préformer des jeunes vers les métiers en tension, via le CEJ.

: Selon une étude du Conseil départemental du Val-d’Oise (2023), près de 60% des bénéficiaires du CEJ ayant réalisé une première immersion en entreprise dans le cadre d’un partenariat local décrochent ensuite un contrat ou une formation.

Les collectivités territoriales au soutien des jeunes

Les collectivités (communes, intercommunalités, Conseil départemental, Région Île-de-France) sont à la fois financeurs, facilitateurs et créateurs de synergies, avec un impact concret :

• Le Département du Val-d’Oise finance des actions spécifiques (mobilité, micro-crédit, accès au logement), en complément du CEJ.
• La Région Île-de-France appuie les missions locales à travers le Plan d’Investissement dans les Compétences et des appels à projets pour la lutte contre le décrochage.
• Des communes mettent à disposition des salles, organisent des forums Emploi ou s’engagent dans des contrats locaux d’accompagnement (ex. : la mairie d’Argenteuil avec “Argenteuil Emploi Jeunes”).
• L’intercommunalité Cergy-Pontoise développe depuis 2022 un partenariat tripartite avec les missions locales et le CFA régional pour favoriser l’alternance dans des secteurs porteurs.

Des partenaires mobilisés pour lever les freins périphériques

L’accompagnement efficace ne doit pas se limiter à l’emploi. Plusieurs partenaires agissent en transversal pour aider les jeunes à surmonter les “freins périphériques” :

• Structures d’aide à la mobilité (Assoc.iation Wimoov, Mobili’Ter, auto-écoles partenaires). Par exemple, près de 850 jeunes accompagnés en 2023 via le Pass Permis de la mission locale, ayant ainsi pu accéder à des offres géographiquement plus éloignées (source : Rapport Missions Locales 95).
• Accompagnement psycho-social (Centres sociaux, associations de médiation, référent santé). La Fondation Santé des Étudiants de France intervient à Gonesse et Sarcelles auprès des jeunes CEJ fragilisés.
• Plateformes numériques : NumériquElles 95 forme les jeunes femmes éloignées de l’emploi aux compétences numériques, en articulation avec le CEJ.
• Orientation logement et démarches administratives : le réseau “Habitat Jeunes” propose plus de 150 places en résidences sociales sur le département, en priorité pour les jeunes engagés dans des parcours CEJ ou d’insertion (source : Habitat Jeunes Val-d’Oise, 2023).

L'apport décisif de l’école et de la formation professionnelle

L’objectif final du CEJ, au-delà de l’emploi immédiat, demeure la construction d’un parcours solide, avec parfois un passage par la formation. Les acteurs de la formation sont ainsi directement intégrés au réseau des partenaires :

• Collaboration étroite avec les GRETA (réseau public de formation continue) et les centres AFPA de Taverny et Gonesse (880 jeunes Valdoisiens sont entrés en formation qualifiante via l’un de ces canaux en 2023, source : AFPA Île-de-France).
• Accès facilité à l’apprentissage et à l’alternance grâce aux comités locaux pour l’alternance (CLAP95) qui associent missions locales, lycées professionnels et organismes de formation du Val-d’Oise.
• Projets “Découverte des métiers” : interventions de formateurs et visites d’établissements pour aider à se projeter et à lever l’autocensure, appuyés par la Chambre de Métiers et de l’Artisanat IDF.

Un exemple concret : le réseau "SAS Jeunes" de Sarcelles

Le projet “SAS Jeunes”, lancé fin 2022 à Sarcelles, illustre à merveille la force des partenariats transversaux :

• Missions locales, mairie, CAF, centres sociaux et une douzaine d’associations interviennent ensemble pour repérer, motiver, orienter et suivre collectivement des jeunes éloignés du CEJ (jeunes non-scolarisés, primo-arrivants, etc.).
• Le dispositif permet de “passer la main” au bon moment : repérage en pied d’immeuble, entrée en CEJ, mobilisation vers un stage ou l’action sociale adaptée.
• Chaque trimestre, des bilans collectifs sont réalisés pour améliorer le suivi, récupérer les jeunes “décrocheurs” et ajuster l’offre de services.

Résultat, selon la mairie de Sarcelles : sur 80 jeunes intégrés au SAS Jeunes en 2023, plus de 60% ont signé un CEJ, dont la moitié ont enclenché après 12 mois une formation ou un contrat de travail.

Des défis persistants... et des pistes d’amplification

Malgré cette mobilisation, des marges de progrès persistent :

• Mieux repérer les "invisibles" (NEETs n’ayant jamais poussé la porte d’une structure) reste un défi, en dépit de campagnes “aller-vers” et de l’action des éducateurs de rue.
• Accroître l’engagement des entreprises — notamment les petites structures et le secteur de l’ESS (Économie Sociale et Solidaire) — faciliterait les immersions et la diversité des offres.
• Renforcer les coopérations inter-structures : dans un paysage déjà très riche, la coordination reste parfois perfectible pour éviter les ruptures de parcours.
• L’enjeu de la concertation avec les familles pourrait être mieux adressé, l’entourage restant un levier important pour l’adhésion et la persévérance des jeunes inscrits en CEJ.

Pour aller plus loin : une dynamique à construire ensemble

Le Contrat d’Engagement Jeune, loin d’être une simple formalité administrative, prend toute sa force dans la diversité et l’intelligence collective des partenaires qui s’unissent. Le Val-d’Oise n’a pas attendu pour construire ces passerelles, mais l’enjeu reste de taille : chaque nouveau partenariat peut faire émerger des solutions inédites, adaptés aux besoins du territoire et des jeunes.

Professionnels, décideurs, associations, entreprises et familles, chacun a un rôle à jouer pour renforcer ces synergies et donner à la jeunesse valdoisienne les clés de l’avenir. Restons attentifs aux initiatives, partageons les réussites, et continuons à tisser cette grande toile solidaire sur tout notre département.

Pour découvrir d’autres expériences inspirantes, rendez-vous régulièrement sur Déclics Locaux en Val-d’Oise, et n’hésitez pas à faire circuler ces infos auprès de vos réseaux.