Pourquoi les missions locales sont-elles si cruciales pour les jeunes du Val-d’Oise ?

Dans le Val-d’Oise, près de 150 000 jeunes de moins de 30 ans* cherchent leur voie entre la sortie du système scolaire, les premiers pas dans le monde du travail et l’accès à l’autonomie. Mais la réalité, c’est que pour beaucoup, la ligne droite n’existe pas. Difficultés d’orientation, manque d’opportunités, problèmes financiers ou familiaux : le risque d’exclusion sociale est réel. Et c’est là qu’interviennent les missions locales.

Les missions locales forment un réseau public de proximité. Présentes sur tout le territoire du Val-d’Oise, elles offrent un espace d’accueil, d’écoute et d’accompagnement global, adressé aux jeunes de 16 à 25 ans révolus (jusqu’à 29 pour certains dispositifs comme la Garantie Jeunes). Selon le Rapport d’Activité 2022 du réseau national**, elles ont accompagné plus de 27 000 jeunes sur le département en un an. Mais que se passe-t-il concrètement lorsqu’un jeune pousse la porte d’une mission locale ici, à Garges, Cergy ou Villiers-le-Bel ?

  • Un accompagnement « sur mesure », prenant en compte l’ensemble de la situation du jeune (emploi, logement, santé, formation, mobilité, accès aux droits, etc).
  • L’accès à un conseiller référent, disponible et formé aux réalités du territoire.
  • Un fort partenariat local, créant un « effet réseau » au service des jeunes.

Quel est le parcours type d’un jeune en mission locale ?

La première étape peut impressionner, mais c’est avant tout un échange : on dresse la carte de la situation globale, pas seulement la demande d’emploi. Ce parcours est volontaire, confidentiel et gratuit.

  1. Premier accueil et diagnostic personnalisé Dès le premier rendez-vous, un conseiller (souvent formé en psychologie sociale ou en insertion) prend le temps de découvrir la situation globale : parcours scolaire, environnement familial et social, aspirations, freins éventuels (absence de diplôme, mobilité, santé, etc.).
  2. Mise en place d’un accompagnement adapté Selon le profil, on peut :
    • Entrer dans un parcours d’accompagnement « classique », avec des rendez-vous réguliers pour faire le point, rechercher des offres, travailler le projet professionnel, etc.
    • Bénéficier de dispositifs spécifiques (Parcours d’Accompagnement Contractualisé vers l’Emploi et l’Autonomie – PACEA ; Contrat d’Engagement Jeune – CEJ, Garantie Jeunes...)
    • Être orienté vers des partenaires spécialisés pour des besoins précis (santé, logement, justice, etc.)
  3. Suivi individualisé et mobilisation de solutions concrètes Le suivi est adapté à chaque demande, avec un conseiller référent qui reste l’interlocuteur principal. Les rendez-vous peuvent être hebdomadaires ou mensuels, en présentiel ou à distance (depuis la crise sanitaire, de nombreux outils numériques se sont développés, selon la DARES).
  4. Évaluation, ajustement et bilan À chaque étape, les objectifs sont réévalués : réussite, réorientation ou évolution du projet, mais aussi ancrage de l’autonomie (cursus complet, emploi pérenne, retour en formation, établissement de droits sociaux...).

En 2022, dans le Val-d’Oise, environ 36 % des jeunes accompagnés par les missions locales sont sortis avec un retour à l’emploi, 23 % avec une entrée en formation*. Des chiffres supérieurs à la moyenne nationale (source : DREETS Île-de-France).

Quels outils et dispositifs pour orienter et suivre efficacement les jeunes ?

Le secret, c’est la conjugaison de dispositifs nationaux et locaux, adaptés en permanence à la réalité du territoire. Voici les leviers les plus mobilisés.

  • Le PACEA (Parcours d’Accompagnement Contractualisé vers l’Emploi et l’Autonomie)
    • Base de l’accompagnement en mission locale, c’est un cadre dans lequel le jeune s’engage avec le conseiller à suivre un parcours personnalisé, jalonné d’objectifs clairs (recherche de stages, démarches, ateliers, etc).
    • Il permet de mobiliser des aides financières ponctuelles (transports, premiers équipements, soutien ponctuel…).
  • Le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ)
    • Lancé en 2022, ce contrat renforcé vise les jeunes les plus éloignés de l’emploi. Il propose un accompagnement intensif (entre 15 et 20 heures d’activités par semaine), avec obligations réciproques et soutien financier (jusqu’à 528€ mensuels pour un jeune sans ressources – infos gouvernement.fr).
    • Dans le Val-d’Oise, près de 3 000 jeunes étaient en CEJ fin 2023 (source : DREETS Île-de-France).
  • Les ateliers collectifs et l’accompagnement socio-professionnel
    • Ateliers CV, simulations d’entretiens, découverte de métiers avec des entreprises locales, groupes thématiques sur la confiance en soi, l’accès au numérique… Ces ateliers développent savoir-faire et savoir-être, créent du lien et favorisent l’autonomie.
  • Mobilisation du réseau de partenaires
    • Relais vers les structures d’hébergement d’urgence, les services de santé jeunes (Point Accueil Écoute Jeunes), coaching avec des associations spécialisées, etc. Chaque mission locale connaît son « tissu partenaire » et l’actualise en permanence.
  • Le numérique et les outils en ligne
    • Des plateformes comme 1jeune1solution.gouv.fr, des forums emploi en ligne ou des applications de coaching sont proposés (avec formation à leur utilisation le cas échéant). Depuis le Covid-19, plus de 40 % des suivis se font en partie à distance, selon la DARES (2023).

Entre accompagnement individuel et dynamique collective : qui sont les acteurs ?

La force du dispositif mission locale, c’est la complémentarité des professionnels impliqués, avec une légitimité reconnue sur le terrain.

  • Les conseillers en insertion professionnelle (CIP)
    • Chaque jeune est suivi par un conseiller référent. Ceux-ci travaillent en équipe, échangent sur les situations et mutualisent les solutions.
    • La formation continue des CIP est régulière (problématiques spécifiques, nouveaux dispositifs, usages numériques…)
  • Les psychologues, travailleurs sociaux et référents spécialisés
    • Dans certaines missions locales, des psychologues interviennent sur des questions de souffrance ou de remobilisation.
    • Des travailleurs sociaux sont sollicités pour les situations complexes (en lien avec la Protection de l’Enfance, le suivi judiciaire, le handicap, etc.)
  • Les entreprises et partenaires économiques
    • Par exemple, le Club d’Entreprises du Val-d’Oise ou les Cap Emploi pour les jeunes en situation de handicap : ils participent à l’élaboration de forums, de visites d’entreprises, et à la création d’offres localisées.
  • Les bénéficiaires eux-mêmes !
    • De nombreux jeunes deviennent « ambassadeurs » du dispositif, en témoignant dans les écoles ou via les réseaux sociaux des missions locales, et s’investissent dans les conseils de jeunes – une pratique encouragée pour ajuster les dispositifs aux réalités vécues.

Exemples concrets : parcours variés et situations rencontrées

L’efficacité des missions locales se traduit par la diversité des profils qu’elles accompagnent. Quelques cas emblématiques dans le Val-d’Oise :

  • Sans diplôme, mais pas sans projet « Rachid » (18 ans, Argenteuil) a été repéré suite à une déscolarisation précoce. Après un diagnostic partagé, il entre en PACEA avec un objectif : obtenir le permis de conduire et valider un CAP cuisine. Grâce à l’aide à la mobilité et à une immersion en entreprise, il accède à un apprentissage. En un an, il obtient son diplôme et un CDI.
  • Des freins multiples, un accompagnement global « Mélina » (22 ans, Gonesse), jeune mère isolée, sans emploi et sans réseau. Outre le coaching emploi, la mission locale active avec elle des aides au logement, un accompagnement parentalité et une formation au numérique. Elle retrouve une alternance et, surtout, une autonomie progressive.
  • Étudiants décrocheurs ou en difficulté Les missions locales du secteur voisine avec les CIO et les établissements, pour accueillir les décrocheurs scolaires, en coordination avec l’Éducation nationale (plus de 1 500 jeunes décrocheurs réorientés chaque année dans le département selon la DSDEN 95, 2022).

Ces récits illustrent la diversité des situations, mais aussi l’importance de l’implication des jeunes eux-mêmes et la souplesse de l’accompagnement.

Chiffres-clés et tendances dans le Val-d’Oise

  • Les missions locales du Val-d’Oise ont accueilli et suivi plus de 27 000 jeunes en 2022 (source : URML IDF).
  • Près de 58 % étaient dès leur entrée sans diplôme ou avec un niveau infra-bac (INSEE).
  • À l’issue du parcours, 36 % trouvent un emploi, 23 % reprennent une formation (source DREETS Île-de-France 2022).
  • En 2023, le taux de sorties positives (emploi ou formation) après un CEJ était supérieur de 9 points à la moyenne régionale.
  • Les problématiques les plus fréquemment rencontrées concernent la mobilité (52 %), le manque de ressources (47 %), et la fracture numérique (29 %).

Voilà qui montre l’ampleur et la diversité du travail des professionnels… et la réactivité nécessaire pour répondre à l’évolution rapide des besoins.

Quelles perspectives pour le suivi et l’orientation en mission locale ?

L’accompagnement des jeunes dans le Val-d’Oise n’a jamais été aussi crucial. Si la crise sanitaire a renforcé les difficultés, elle a aussi accéléré l’innovation : renforcement du suivi à distance, développement de dispositifs comme le CEJ, expérimentation d’accompagnements spécifiques sur le handicap, la santé mentale, ou la mobilité verte.

Les prochains défis ? Mieux repérer les jeunes « invisibles » (ni en emploi, ni en formation, ni inscrits nulle part), renforcer le lien avec les entreprises locales pour créer plus d’alternance et de stages, mais aussi anticiper l’évolution des métiers (numérique, écologie, service à la personne…).

Pour les acteurs, c’est une responsabilité motivante : chaque jeune du Val-d’Oise mérite sa place, et les dispositifs d’orientation et de suivi n’ont de sens que s’ils restent ouverts, adaptables, et chaleureux.

N’hésitez pas à partager l’article ou à solliciter la mission locale la plus proche : c’est souvent le premier pas qui fait toute la différence.

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